Prendre soin de soi, des autres et de la Terre

Horizon pluriel n°38 /

Dominique Cottereau, coordinatrice du Réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne (REEB)

3 constats, 1 projet

Au départ de cette expérience pédagogique, trois constats :

  • bien que l’éducation à la santé fasse partie des programmes scolaires, sa mise en pratique est inégale ;
  • souvent les projets d’éducation au développement durable sont distincts des projets d’éducation à la santé, alors qu’ils ont des objectifs en partie communs ;
  • les jeunes, en formation initiale dans les établissements de formation professionnelle, semblent constituer un public peu sensible aux enjeux d’environnement et peu précautionneux de leur propre santé.

Sur cette base, le Réseau d’éducation à l’environnement en Bretagne (REEB) s’est mobilisé pour concevoir et expérimenter un module éducatif à destination des jeunes en formation. Cinq établissements d’enseignement professionnel ont accepté d’y participer.

Il fut piloté par un comité constitué de l’agence régionale de santé (ARS), la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Bretagne (DREAL), l’académie de Rennes, la région Bretagne, l’instance régionale d’éducation et de promotion de la santé (IREPS), la direction du travail (DIRECCTE) et le REEB.

La qualité du milieu où l’on vit participe à notre bien-être ou à notre mal-être.

Donner confiance et pouvoir d’agir

L’expérimentation avait pour objectifs que les jeunes comprennent ce qu’est la santé environnementale, se sentent concernés, sachent identifier les enjeux de santé environnementale dans leur vie et développent l’envie d’agir. Pour ce faire, nous avons utilisé des méthodes pédagogiques actives, suscitant l’intérêt et la curiosité et éveillant la sensibilité. Ces méthodes s’inscrivaient dans une approche positive donnant confiance et pouvoir d’agir, associant les élèves à l’élaboration du savoir et cherchant à retrouver le sens du bien commun en favorisant la coopération.

La première demi-journée proposait de s’immerger dans le sujet de la santé environnementale en prenant comme point d’appui notre corps et nos sensations face à un environnement, un paysage proche ou régulièrement fréquenté. Il s’agissait d’identifier, individuellement et collectivement, ce qui, dans l’environnement quotidien, était ressenti comme positif, négatif ou encore neutre. L’ambition était de prendre conscience que chacun fait partie d’un milieu complexe dont il est dépendant pour vivre et que la qualité du milieu où l’on vit participe à notre bien-être ou à notre mal-être.

Lors de la seconde demi-journée, les élèves tentaient de lister ce qui influence notre santé pour appréhender le concept des déterminants de santé. Nous nous focalisions sur les déterminants environnementaux, comportementaux et sociaux en approfondissant les facteurs protecteurs et les facteurs de risques liés à nos environnements intérieurs, mais aussi à nos comportements. Un atelier « Faire soi-même » où nous fabriquions un ou plusieurs objets liés à leur vie personnelle ou professionnelle apportait une alternative plus respectueuse de l’environnement dans nos usages quotidiens.

« Faire soi-même »

Parce que le sujet de la santé environnementale est très vaste et complexe, nous proposions en troisième séance d’approfondir un sujet parmi : l’alimentation, la consommation, l’air, l’eau ou le cadre de vie. Après un temps d’expression des représentations et opinions sous forme d’un débat mouvant, nous proposions différentes séquences animées permettant d’acquérir des connaissances, voire des compétences sur le sujet.


Après un nouvel atelier « Faire soi-même », la quatrième séance tentait de faire s’exprimer les jeunes sur leurs propres préoccupations et questionnements sur la santé environnementale. L’idée était d’accompagner l’expression des éventuelles angoisses, mais surtout de poser les bases d’une action, autrement dit de semer l’envie d’agir à leur échelle et à partir de leurs propres préoccupations, individuelles comme collectives.


Une procédure d’évaluation mise en œuvre tout au long de l’expérimentation nous a permis de confirmer un apprentissage réel de la santé environnementale chez l’ensemble des élèves. Il a notamment porté sur la concertation, l’identification du concept et la connaissance des moyens d’agir, surtout à l’échelle personnelle. Cependant il se pourrait que nos objectifs aient été trop ambitieux au regard des quatre demi-journées d’animation. Des problématiques aussi complexes et cruciales nécessitent qu’on leur fasse une large place dans les programmes d’éducation.

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