La lutte contre la précarité énergétique, c’est tous ensemble

Horizon pluriel n°38 /

Entretien avec Cécile Cloarec, chargée de mission précarité énergétique à Ener’gence, l’agence énergie – climat du pays de Brest

Ener’gence lutte contre la précarité énergétique à l’échelle du territoire en informant et conseillant sur la maîtrise des énergies. Cette mission de lutte contre la précarité énergétique est financée par Brest métropole et le conseil départemental du Finistère, et intervient sur l’ensemble du pôle métropolitain de Brest. Elle s’adresse aux locataires et propriétaires vivant dans une situation de précarité. C’est auprès de ce dernier public que Cécile Cloarec et son équipe interviennent.

Un diagnostic sociotechnique

Les ménages éprouvant des difficultés à se chauffer, à payer les factures ou vivant dans un logement dégradé ont droit à une visite à domicile d’Ener’gence, sous condition de ressources. Cet état des lieux « sociotechnique » s’intéresse à plusieurs éléments tels que le système de chauffage, la qualité de l’air intérieur, le contrat d’énergie, etc. Ces visites se déroulent avec la personne et débutent par une observation de ses usages et équipements.

Une orientation « à la carte »

Entrer dans un logement, c’est aussi entrer dans l’intimité d’un ménage. Cette dimension dépasse l’analyse de la consommation énergétique des ménages et conduit Ener’gence à réorienter ses interlocuteurs aussi bien vers des professionnels techniques (l’Anah1 par exemple) que sociaux. Une orientation « à la carte » est alors assurée. Par exemple, un ménage qui est autonome recevra de la part d’Ener’gence les coordonnées dont il a besoin. Alors qu’un ménage vivant une situation de vulnérabilité sera accompagné pour éviter de multiplier ses difficultés.

Travailler ensemble, en réseau, c’est ce qui fait la richesse d’un dispositif. Cela prend du temps car il faut créer les liens et apprendre à se connaître, mais c’est bénéfique pour tous.

Des pratiques adaptées

« Nos visites et diagnostics se font toujours avec les personnes », explique Cécile Cloarec. Cela aide les personnes à revoir leurs représentations liées à certaines pratiques. Par exemple : « Nous essayons de sensibiliser à la qualité de l’air intérieur en passant par une méthode expérientielle. 

À l’aide d’un appareil mesurant la teneur en dioxyde de carbone, on prend des mesures avec les personnes au début de la visite. Puis, on propose d’ouvrir la fenêtre pendant une dizaine de minutes. Résultat : on constate ensemble que la qualité de l’air s’améliore et que le taux d’humidité baisse. »

Energie, économie et… santé !

Le logement est l’un des déterminants majeurs de la santé et la lutte contre la précarité énergétique relève de plusieurs enjeux. Lors d’une rencontre avec des collègues britanniques, les professionnels d’Ener’gence ont constaté des similitudes et des différences dans leurs pratiques. Par exemple, en France, la lutte contre la précarité énergétique est souvent associée aux travaux de rénovation énergétique. Alors qu’en Grande-Bretagne, c’est le volet de la santé qui y est associé, avec des visites à domicile accompagnées d’un professionnel de la santé. Les professionnels bretons et britanniques sont sortis de ces échanges avec des enjeux complémentaires à explorer dans leurs pratiques.

Tous ensemble

Selon Cécile Cloarec, la santé-environnement est nettement en lien avec la lutte contre la précarité énergétique. Cette lutte répond à des enjeux individuels et collectifs, qui sont environnementaux, économiques et de santé. Ce sont donc plusieurs champs, plusieurs métiers qui sont concernés directement et indirectement par la lutte contre la précarité énergétique. « Travailler ensemble, en réseau, c’est ce qui fait la richesse d’un dispositif. Cela prend du temps car il faut créer les liens et apprendre à se connaître, mais c’est bénéfique pour tous. » 

1 Parmi ses missions, l’Agence nationale de l’habitat encourage les travaux de rénovation et réhabilitation des logements en accordant des aides financières aux propriétaires occupants modestes, aux syndicats de copropriétés fragiles et en difficulté et aux propriétaires bailleurs.

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