En Bretagne, l’activité physique pour tous !

Horizon pluriel n°37 /

Entretien avec Hélène Kurz, chargée de mission à la direction adjointe prévention promotion de la santé, à l’agence régionale de Santé (ARS) Bretagne

L’ARS a initié un second plan « sport santé bien-être » pour la période 2018-2022. Le premier plan (2013-2017) était centré sur le développement de l’activité physique adaptée en tant que thérapeutique non médicamenteuse. Les actions mises en place étaient à destination de trois publics : les personnes vivant avec un handicap, avec une maladie chronique et les personnes âgées. Ce second plan s’inscrit dans la continuité du premier, tout en élargissant les objectifs et les cibles. Au développement de l’activité physique adaptée s’ajoute la lutte contre la sédentarité qui concerne toutes les populations, quels que soient l’âge et le lieu de vie. À titre d’exemple, voici quelques actions en direction des jeunes et d’autres adressées à des personnes en situation de handicap.

Mission lune !

Dès 2018, nous avons été actifs dans la lutte contre la sédentarité auprès des jeunes. Grâce à un partenariat avec le rectorat et Jeunesse et Sports, plusieurs actions ont été mises en place. Par exemple, la Mission lune est une action qui s’inscrit dans le Parcours éducatif de santé et dans la démarche École promotrice de santé. Pendant une dizaine de jours, les établissements scolaires bretons sont invités à effectuer le nombre de pas nécessaires pour parcourir la distance entre la terre et la lune (385 000 km). À pied comme à vélo, entre camarades, en famille ou en classe, tous les pas comptent. En 2020, le nombre de pas totalisé dépassait deux allers-retours ! Pendant cette activité, plusieurs manifestations sont organisées pour sensibiliser les élèves au sport santé bien-être.

En parallèle, nous soutenons le déploiement de projets de type ICAPS1 dans les établissements scolaires (écoles, collèges ou lycées). Initialement développé dans la région Grand Est en 2005 et démontré scientifiquement efficace, ce type de projet a la particularité de cibler les jeunes dans leur milieu de vie global. Les interventions sont à la fois en direction des jeunes, de leur entourage (équipe pédagogique, famille), et de leur environnement (avec des actions qui facilitent le transport vers des activités physiques, par exemple). La simultanéité et la complémentarité de toutes ces actions, dans un temps déterminé, favorisent l’efficacité de ces projets pour faire évoluer les comportements.

Avec le rectorat, nous avons identifié quatre projets, un dans chaque département breton, qui seront développés sous un format ICAPS dès cette année. Ces projets sont menés en partenariat, et peuvent être initiés par des établissements scolaires et également des associations, des collectivités. L’accompagnement par le Centre d’appui national au déploiement à l’activité physique et lutte contre la sédentarité (CNDAPS) permet d’assurer la mise en place de la démarche ICAPS en Bretagne.

Bouger, c’est possible

Le partenariat avec la ligue de Bretagne du sport adapté a conduit à la réalisation de plusieurs projets à destination des personnes en situation de handicap physique ou mental. Par exemple, en 2021, une campagne de sensibilisation a été réalisée conjointement entre l’ARS Bretagne, la ligue de Bretagne du sport adapté, la direction régionale Jeunesse et Sports et la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) des Côtes d’Armor. « Bouger, c’est possible » est le message lancé à destination des personnes en situation de handicap physique ou mental, des établissement et services médico-sociaux qui les accueillent et leur entourage. Cette campagne part du constat qu’il n’y a pas vraiment d’outil concret pour informer ces publics sur l’intérêt et l’accessibilité de l’activité physique et du sport santé bien-être en Bretagne. Pour outiller les professionnels et sensibiliser le public ciblé, des outils de communication ont été élaborés et diffusés. C’est une action globale qui vise à intervenir sur l’environnement des personnes vivant avec un handicap puisqu’on sait qu’il est essentiel de sensibiliser les directions des établissements médico-sociaux pour faciliter la mise en place d’actions.

Quelles sont les perspectives ?

Lors de la préparation des deux derniers plans, nous nous sommes appuyés sur plusieurs données liées aux risques de la sédentarité afin de penser les actions et projets à mener. Pour ce troisième plan, notre but sera de soutenir les projets engagés pour favoriser leur pérennité, assurer leur rayonnement sur le territoire breton et en tirer des retombées concrètes pour la santé des populations mobilisées dans ces projets.

Pratiquer l’activité physique
adaptée

Entrevue avec Doriane, 49 ans, qui a découvert les bienfaits de l’activité physique adaptée, suite à un cancer.

 

Comment avez-vous découvert l’activité physique adaptée ?

L’activité physique adaptée m’a été proposée lors de mon suivi santé, suite à un cancer. Après avoir reçu un traitement en  chimiothérapie et en radiothérapie, je me suis cassé la jambe. Cette fragilité osseuse m’a immobilisée pendant mon
rétablissement et durant six mois ensuite. Avec les traitements, l’immobilité, la fatigue, l’arrêt du tabac et la prise de poids, tout était réuni pour avoir des difficultés à exercer une activité physique et de plus je me sentais mal dans ce
nouveau corps… Puis, quand j’ai commencé à reprendre des forces, le centre hospitalier qui me suivait m’a proposé de démarrer une « activité physique adaptée », accompagnée par un spécialiste. C’était un programme en cours d’expérimentation au sein du centre, alors j’ai dit : « Pourquoi pas ? ».

Concrètement, comment cela s’est-il passé ?

Dans un premier temps, j’ai effectué un bilan de mon état physique et de ma force. J’ai aussi échangé avec l’éducateur sur ce que j’aimais faire pour « bouger » et ce que je pouvais bien faire, toujours selon mes capacités qui étaient issues de mon bilan. Par la suite, on m’a proposé de pratiquer la marche et le vélo elliptique, à un rythme régulier et avec des objectifs adaptés à ma condition physique. L’idée n’était pas de faire du sport intensément, mais régulièrement et de manière douce. À l’origine, je n’étais pas une grande sportive, mais le fait d’être suivie, conseillée et d’avoir un programme adapté m’a vraiment motivée pour me mettre en mouvement. Je pratique ces activités seule, car j’ai commencé il y a un an et la situation sanitaire ne permettait pas les activités collectives. Mon bilan de mi-parcours est très positif : j’ai retrouvé de la force, amélioré ma fréquence cardiaque et perdu du poids !

Je ressens les bienfaits à la fois dans mon corps et dans ma tête. Au début, on se demande : « Vais-je réussir ? », puis petit à petit, on se rend compte qu’on en est capable, puisque les activités sont adaptées et que les progrès sont réels.

 

1 Intervention dans les collèges pour l’activité physique et la lutte contre la sédentarité.

HORIZON PLURIEL – N°37 – FÉVRIER 2022

Article issu de la publication