Documentation : la quantité ou la pertinence ?

Horizon pluriel n°36 /

Depuis plusieurs décennies, notre champ d’action est en constante évolution, passant d’un modèle d’éducation « hygiéniste » à un modèle d’éducation pour la santé favorisant le développement de capacités individuelles, et enfin à celui de promotion de la santé favorisant l’action sur les déterminants de la santé. Une mémoire s’est construite offrant un patrimoine commun fait d’ensembles de traces sélectionnées et de souvenirs réactivés.

Parmi ces objets de mémoire le document occupe une place non exclusive mais singulière. Le terme « document » désigne un ensemble, tout à la fois support d’information, données enregistrées sur ce support et leur signification, « servant à la consultation, l’étude, la preuve ou la trace » considéré comme une unité autonome (Boulogne, 2004)1. Les documents sont disponibles dans les fonds documentaires des Ireps, sur leurs sites internet et bases de données. Ils retracent cette dynamique présentant des approches plurielles auprès de différents publics.

… que sont ces petits espaces de connaissance face à ces géants du web, apportant avec eux une avalanche d’informations et de désinformation…?

En même temps, avec l’essor des nouvelles technologies de communication, le document change son statut. L’information devient une ressource infiniment renouvelable, l’acte de consommation ne la détruit pas, elle peut être utilisée de manière répétitive et simultanément par de nombreuses personnes. Elle ne se déprécie pas à l’usage2. Cette évolution effrénée des technologies de l’information a tendance à se faire au détriment d’une considération pour sa qualité.

Depuis quelques temps, on observe la fermeture de bases de données telles que la BDSP (Banque de données en santé publique), Toxibase, Saphir,… qui soustendent un travail documentaire par des personnes pour faciliter l’accès à une information de qualité3. Cela est bien connu : « On trouve tout sur Google » ; que sont ces petits espaces de connaissance face à ces géants du web, apportant avec eux une avalanche d’informations et de désinformation se propageant à une vitesse et à une échelle jamais vues ?

Or, à l’heure où les questions à traiter se complexifient, où la gouvernance étayée par la preuve scientifique s’impose, où le web donne accès à un nombre croissant d’informations, plus que jamais, il est devenu incontournable d’organiser les informations et d’offrir l’accès à une sélection pertinente de données afin de permettre de se documenter dans une temporalité propre à chaque individu.

Morgan Calvez

Documentaliste, Promotion Santé Bretagne

Éléments bibliographiques :

1 Ertzscheid O, Gallezot G, Simonnot B. A la recherche de la « mémoire » du web : sédiments, traces et temporalités des documents en ligne. 1 janv 2013 [cité 13 mai 2019]; Lien

2 Badillo P. Les « trois horloges » de la « société de l’information ». De la disharmonie à la rupture ? 1 janv 2008 [cité 13 mai 2019]; Lien

3 Sizaret Anne, Laurent Anne, Ferron Christine. Banque de données en santé publique : les raisons de la colère ? [Internet]. [cité 13 mai 2019]. Lien

HORIZON PLURIEL – N°36 – DÉCEMBRE 2019

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